Le site du théâtre a connu une époque flamboyante.
C’était une gare ferroviaire des plus mondaines qui accueillait les riches passagers des navires transatlantiques. Inaugurée en 1867, dix ans après la mise en service de la ligne Paris-Saint-Nazaire, la gare conjugue le style néo-classique haussmannien à l’instar des gares parisiennes.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands bâtissent une base sous-marine à proximité. Ce bunker géant sera pris pour cible par les alliés et leur bombardement sera tellement massif qu’il ruina les deux tiers de la ville.
Lieu d’où partaient et où arrivaient les paquebots pour l’Amérique Centrale (site aujourd’hui occupé par la base sous-marine). Avec sa façade ornée et la grande verrière qui recouvrait le hall des trains, la gare avait fière allure dans une ville qui était alors en pleine expansion : la construction du port, la mise en service des lignes transatlantiques, la création du chantier naval… autant de facteurs qui faisaient de Saint-Nazaire la ville européenne à la plus forte croissance démographique en cette fin de 19esiècle. Endommagée mais pas complètement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle servait encore jusqu’en 1955.
L’entrée du site est aujourd’hui cadrée par les vestiges de l’ancienne gare, deux pavillons liés d’une arcade. Ces deux sentinelles immuables cadrent un vide occupé autrefois par les quais et leur halle de verre et de fer. Ce vide ne figurait pas dans le terrain d’implantation, il demeure le vecteur principal de l’histoire du lieu et s’appelle aujourd’hui la nef. Quant aux deux pavillons, ils marquent le frontispice de ce nouvel espace de culture, tout en conservant leur indépendance et leur intégrité.
« Il fallait conserver au moins une moitié de la nef d’origine et gérer le décalage imposé par la dimension des bâtiments et des accès ». Karine Herman
Rappelons que ce projet s’inscrit dans la volonté politique de la ville. Baptisé « ville Port », il s’agit d’une réflexion « active et concrète alliant la rénovation urbaine et la mise en valeur du secteur portuaire ».
Le trait d’union entre le centre-ville et la zone portuaire doit se faire, dans la théorie, avec le Ruban Bleu, un centre commercial de 20 000 m2, sensé faire le lien entre les deux entités. L’on sait aujourd’hui les difficultés qu’il rencontre.
« Il ne s’agit pas de décalage, mais d’un étirement sur le port, il s’agit de redonner un sens à cette ville en s’appuyant sur sa réalité, l’on se base sur son histoire » L’adjoint au maire, Eric Provost
« Tout le monde attend avec impatience l’ouverture de ce lieu, c’est un outil qui va marquer l’identité de la ville. ». L’adjoint au maire, Eric Provost
Entre Agora, Escal'Atlantic et les lieux culturels de la base sous-marine, le théâtre va améliorer la concentration de lieux d'intérêt sur le secteur. « générer un flux qui va attirer les commerçants ».
Les pavillons ont été restaurés en sauvegardant l’essentiel de leur histoire, y compris les stigmates des bombardements et de leur longue période d’abandon durant laquelle leurs ouvertures sont demeurées murées. Ainsi, leurs baies n’ont été que partiellement rouvertes.
Le théâtre puise sa matière et son langage dans son environnement immédiat. Il empreinte sa masse minérale monolithique au bunker géant et y ajoute des volumes simples à la manière des architectures utilitaires.
Le béton est élevé au rang de matériau ultime et souverain. Son aspect passe du lisse au ciselé. Une matrice l’anoblit çà et là d’une empreinte florale qui le lie au classicisme de la gare et aux théâtres romantiques.
Cette empreinte, inspirée d’un motif de soierie française du XVIIe a été agrandie à l’échelle du bâtiment pour pousser le simple effet d’ornementation jusqu’à la mise en relief de la matière. Ponctuellement, cette mise en relief est si creusée qu’elle perce la paroi de béton pour former des baies en rosaces.
Les façades en béton sont réalisées selon deux procédés: “coulées en place” pour les parties lisses et préfabriquées pour les panneaux matricés.
Les plus grands de ces panneaux, assemblés à la grue, pèsent jusqu’à 5 tonnes. Les motifs de façade ajourés diffusent une lumière tamisée dans ce grand volume d’une hauteur sous plafond de 11,50 m.
Ce théâtre répond aux exigences «scène nationale» qui font de lui un outil haut de gamme. Il est conçu «au nu de la fonction».
La salle de diffusion et sa cage de scène forment l’édifice principal en béton. Le reste des fonctions annexes (le hall, la salle de création, les loges et ses locaux techniques) est comme entreposé sur leurs flancs. Leurs volumes se distinguent nettement par un bardage en châtaignier dont l’appareillage est directement inspiré des amas de palettes propres aux sites industrieux.
Le théâtre est accessible par les arcades de l’ancienne gare.
Les pavillons ont été restaurés en sauvegardant l’essentiel de leur histoire, y compris les stigmates des bombardements et de leur longue période d’abandon durant laquelle leurs ouvertures sont demeurées murées. Ainsi, leurs baies n’ont été que partiellement rouvertes.
Le pavillon est, le plus éloigné du théâtre, abrite l’administration.
Le pavillon ouest, ancien buffet de la gare, loge la billetterie. Cet espace intègre dix panneaux issus de l’ensemble décorant les parois latérales de la salle de spectacle du paquebot France (1962-1979). Déposées lors du démantèlement récent du transatlantique en Inde, ces panneaux ont été rachetés par la Ville de Saint-Nazaire dans une salle des ventes… en Norvège.
Le maire de Saint-Nazaire demandera ensuite aux architectes de leur faire une place d’honneur dans le théâtre.
Les arcades dépassées, le public pénètre dans la place intérieure puis, à gauche, il entre dans le hall d’accueil qui mène aux grands escaliers d’accès à la salle de spectacle.
Cet espace est conçu comme une entité neutre, tissant un lien fluide entre intérieur et extérieur. Il se glisse discrètement dans une écriture minimale entre le théâtre et le frontispice de la gare. Sa toiture-terrasse, accessible aux heures d’ouverture, s’étend en passerelle vers le deuxième pavillon pour une complicité future.
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