mardi 27 août 2013

Conversation avec moi-même


Par Manon DIESNIS, Mylène FOULTIER, Emilie GAUVRIT, Prune FERRE, Samuel DEBORDE
Elise Florenty, née en 1978 à Bordeaux, vit maintenant à Berlin. Son travail s’articule autour des mécaniques du langage. Elle a réalisé une première œuvre en rapport avec « Les Vagues»  :Conversation avec moi même. C’est une installation composée de deux miroirs qui permet de  refléter cinq fois l’image du spectateur. Il s’agit d’une réflexion sur les six monologues du livre de Virginia Woolf que l’on pourrait percevoir comme des introspections de Virginia Woolf elle-même.
Sa deuxième œuvre s’intitule As a wave breaks, il s’agit d’une vidéo projetée sur une vitre suspendue à hauteur des yeux. La vidéo dure onze minutes, est en noir et blanc faisant référence aux années 30, époque de parution du livre Les Vagues de Virginia Woolf. Il s’agit d‘une camera seize millimètres sur un plateau tournant au milieu de six personnes. Sur le mur opposé, apparaît la deuxième partie de l’œuvre, la traduction des répliques. Il est possible de circuler au cœur et autour de l’installation. Les six personnes présentes évoquent probablement les six personnages du roman. Le texte récité correspond à des moments du livre où les protagonistes s’identifient à la nature. On peut aussi y voir une interprétation de la narration. Les comédiens se passent le mot par des jeux de regard et un signe de tête. Le fil de la pensée est matérialisé par la disposition en cercle des personnes et par les bandes blanches représentées dans le fond. De plus, l’utilisation de la camera seize millimètres (une bande donc un temps) oblige à ne faire qu’une seul prise, cela ne permet pas d’entrecouper la vidéo comme le fil de la pensée. On peut se demander si les six personnages sont les six voix intérieures de la narratrice ou s’il s’agit de six pensées individuelles. Le spectateur peut se sentir mal à l’aise face a l’œuvre. Associé au fait que l’on ait l’impression d’être au centre des six acteurs par un effet de caméra, le métronome rythme la parole, ce qui ajoute une certaine musicalité à la phrase. Le texte est scandé, ce qui altère la compréhension, cela donne un coté étrange, clos. Tout cela peut sembler oppressant pour le spectateur. L’artiste joue sur la transparence de la vidéo, ce qui donne plusieurs angles de vue et la possibilité de s’approprier l’œuvre.

Le théâtre de saint nazaire

Le site du théâtre a connu une époque flamboyante.
C’était une gare ferroviaire des plus mondaines qui accueillait les riches passagers des navires transatlantiques. Inaugurée en 1867, dix ans après la mise en service de la ligne Paris-Saint-Nazaire, la gare conjugue le style néo-classique haussmannien à l’instar des gares parisiennes.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Allemands bâtissent une base sous-marine à proximité. Ce bunker géant sera pris pour cible par les alliés et leur bombardement sera tellement massif qu’il ruina les deux tiers de la ville.

Lieu d’où partaient et où arrivaient les paquebots pour l’Amérique Centrale (site aujourd’hui occupé par la base sous-marine). Avec sa façade ornée et la grande verrière qui recouvrait le hall des trains, la gare avait fière allure dans une ville qui était alors en pleine expansion : la construction du port, la mise en service des lignes transatlantiques, la création du chantier naval… autant de facteurs qui faisaient de Saint-Nazaire la ville européenne à la plus forte croissance démographique en cette fin de 19esiècle. Endommagée mais pas complètement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle servait encore jusqu’en 1955.




L’entrée du site est aujourd’hui cadrée par les vestiges de l’ancienne gare, deux pavillons liés d’une arcade. Ces deux sentinelles immuables cadrent un vide occupé autrefois par les quais et leur halle de verre et de fer. Ce vide ne figurait pas dans le terrain d’implantation, il demeure le vecteur principal de l’histoire du lieu et s’appelle aujourd’hui la nef. Quant aux deux pavillons, ils marquent le frontispice de ce nouvel espace de culture, tout en conservant leur indépendance et leur intégrité.

« Il fallait conserver au moins une moitié de la nef d’origine et gérer le décalage imposé par la dimension des bâtiments et des accès ». Karine Herman

Rappelons que ce projet s’inscrit dans la volonté politique de la ville. Baptisé « ville Port », il s’agit d’une réflexion « active et concrète alliant la rénovation urbaine et la mise en valeur du secteur portuaire ».
Le trait d’union entre le centre-ville et la zone portuaire doit se faire, dans la théorie, avec le Ruban Bleu, un centre commercial de 20 000 m2, sensé faire le lien entre les deux entités. L’on sait aujourd’hui les difficultés qu’il rencontre.

« Il ne s’agit pas de décalage, mais d’un étirement sur le port, il s’agit de redonner un sens à cette ville en s’appuyant sur sa réalité, l’on se base sur son histoire » L’adjoint au maire, Eric Provost

« Tout le monde attend avec impatience l’ouverture de ce lieu, c’est un outil qui va marquer l’identité de la ville. ». L’adjoint au maire, Eric Provost





Entre Agora, Escal'Atlantic et les lieux culturels de la base sous-marine, le théâtre va améliorer la concentration de lieux d'intérêt sur le secteur. « générer un flux qui va attirer les commerçants ».

Les pavillons ont été restaurés en sauvegardant l’essentiel de leur histoire, y compris les stigmates des bombardements et de leur longue période d’abandon durant laquelle leurs ouvertures sont demeurées murées. Ainsi, leurs baies n’ont été que partiellement rouvertes.

Le théâtre puise sa matière et son langage dans son environnement immédiat. Il empreinte sa masse minérale monolithique au bunker géant et y ajoute des volumes simples à la manière des architectures utilitaires.
Le béton est élevé au rang de matériau ultime et souverain. Son aspect passe du lisse au ciselé. Une matrice l’anoblit çà et là d’une empreinte florale qui le lie au classicisme de la gare et aux théâtres romantiques.
Cette empreinte, inspirée d’un motif de soierie française du XVIIe a été agrandie à l’échelle du bâtiment pour pousser le simple effet d’ornementation jusqu’à la mise en relief de la matière. Ponctuellement, cette mise en relief est si creusée qu’elle perce la paroi de béton pour former des baies en rosaces.
Les façades en béton sont réalisées selon deux procédés: “coulées en place” pour les parties lisses et préfabriquées pour les panneaux matricés.
Les plus grands de ces panneaux, assemblés à la grue, pèsent jusqu’à 5 tonnes. Les motifs de façade ajourés diffusent une lumière tamisée dans ce grand volume d’une hauteur sous plafond de 11,50 m.
Ce théâtre répond aux exigences «scène nationale» qui font de lui un outil haut de gamme. Il est conçu «au nu de la fonction».
La salle de diffusion et sa cage de scène forment l’édifice principal en béton. Le reste des fonctions annexes (le hall, la salle de création, les loges et ses locaux techniques) est comme entreposé sur leurs flancs. Leurs volumes se distinguent nettement par un bardage en châtaignier dont l’appareillage est directement inspiré des amas de palettes propres aux sites industrieux.





Le théâtre est accessible par les arcades de l’ancienne gare.
Les pavillons ont été restaurés en sauvegardant l’essentiel de leur histoire, y compris les stigmates des bombardements et de leur longue période d’abandon durant laquelle leurs ouvertures sont demeurées murées. Ainsi, leurs baies n’ont été que partiellement rouvertes.
Le pavillon est, le plus éloigné du théâtre, abrite l’administration.
Le pavillon ouest, ancien buffet de la gare, loge la billetterie. Cet espace intègre dix panneaux issus de l’ensemble décorant les parois latérales de la salle de spectacle du paquebot France (1962-1979). Déposées lors du démantèlement récent du transatlantique en Inde, ces panneaux ont été rachetés par la Ville de Saint-Nazaire dans une salle des ventes… en Norvège.
Le maire de Saint-Nazaire demandera ensuite aux architectes de leur faire une place d’honneur dans le théâtre.
Les arcades dépassées, le public pénètre dans la place intérieure puis, à gauche, il entre dans le hall d’accueil qui mène aux grands escaliers d’accès à la salle de spectacle.
Cet espace est conçu comme une entité neutre, tissant un lien fluide entre intérieur et extérieur. Il se glisse discrètement dans une écriture minimale entre le théâtre et le frontispice de la gare. Sa toiture-terrasse, accessible aux heures d’ouverture, s’étend en passerelle vers le deuxième pavillon pour une complicité future.

mardi 23 avril 2013

La place de l'arbre dans la ville


Les villes accordent de plus en plus d'importance à la végétation et plus particulièrement aux arbres. Les parcs et autres espaces verts se frayent un chemin au sein d'une urbanisation toujours plus grandissante. Des solutions sont apportées pour mettre en avant l'arbre. Hormis des aspects esthétiques, il occupe une place importante dans le développement durable et joue un rôle dans le bon fonctionnement des villes. Il est donc essentiel de considérer ces aspects lorsqu'on décide de planter un arbre en milieu urbain.

En effet, les arbres ont toujours été intimement liés à l'évolution humaine, mais par méconnaissance de leur importance, les espaces verts ont été parmi les premières victimes du développement urbain. Il faut savoir que l'arbre présente bien des avantages, notamment d'un point de vue écologique ; il produit de l'oxygène et purifie l'air. Il améliore la qualité de l'eau, régule les écarts de température, en protégeant contre la chaleur et la pluie. La faune lui voue un véritable attrait.
Ses fonctions esthétiques font de lui un élément architectural à part entière. Il met en valeur le paysage urbain, ordonne et structure les espaces publics. Il permet de rompre avec la monotonie des constructions et se démarque de la perspective des rues en masquant les endroits disgracieux. Son implantation apporte une délimitation des lieux de fréquentation et isole les zones résidentielles.
Les espaces boisés améliorent le bien-être physique et psychologique, ils constituent un lieu propice à l'activité physique, et apporte un effet thérapeutique sur l'organisme. Ils créent une véritable rencontre avec la nature extérieure, ponctuant les saisons par son changement colorimétrique et incitant les déplacements à pieds.
L'implantation d'arbres dans les parcs et autres quartiers témoignent d'un attrait touristique. Les arbres judicieusement placés autour d'une habitation peuvent contribuer à réduire les coûts liés aux frais de chauffage ou diminuer les coûts d'utilisation du climatiseur, et donc favoriser l'économie d'énergie. Au delà de ces aspects économiques, les arbres apportent une plus-value financière et accroissent la valeur des propriétés. De plus, les habitations situées en périphérie des espaces verts acquièrent elles aussi une plus-value au moment de la revente.
bassins parc mitterrand David Gautheron

alignement d'arbres à Montevideo Medium
Nous pouvons donc considérer que ces végétaux ont un vrai rôle sur le développement urbain et la qualité de vie en ville.

Cependant, tous ses atouts sont à approfondir et à développer pour faire de l'arbre un élément structurel et architectural.
La végétation peut servir de lien ou de transition entre différents bâtiments ou encore d’élément unificateur permettant de donner une cohérence et un sentiment d’unité à une scène constituée d’éléments disparates. Les arbres ont une implantation trop souvent linéaire et répétitive, offrant une fonction structurelle basique. Des artistes comme F. Hundertwasser, Guiseppe Penone ou Bob Verschueren apportent une vision et une utilisation différente de la végétation. Ces « architectes de la nature » font des installations in situ d'arbres et de branchages, mêlent végétation et architecture ou créent des sculptures naturelles. Ils vont au delà de la fonction première de l’arbre et développent toute une symbolique environnementale et stylistique. La végétation ne met plus simplement en valeur un espace urbain mais est un élément architectural à part entière.
L'arche Bob Verschueren

maison Hundertwasser

Giuseppe Penone
 L'architecture et le mobilier urbain développent des projets végétalisés. De plus en plus de designers intègrent de la végétation ou reprennent les codes de l'arbre dans leurs réalisations. Ces projets innovants font un lien, entre les bâtiments et la nature. Le bois est souvent utilisé en architecture en contraste avec un autre matériau fort, pour mettre en valeur chaque élément. Les codes et symboles de l'arbre sont parfois repris pour des constructions avec des matériaux complètement opposés ; une façon de créer sans les inconvénients naturels.
Des entreprises vont même jusqu'à se spécialiser dans l'installation de grands végétaux naturels ou reconstitués dans de grands espaces publics. Au delà d'une végétation extérieure grandissante, on voit apparaître des arbres à l’intérieur des centres commerciaux, créant un espace de détente et un jeu de lumières intéressant.
Les arbres aux abords des voies sont souvent associés à une source lumineuse. La lumière et la végétation créent un graphisme et apportent une dynamique à la ville. Les arbres tamisent un éclairage parfois trop soutenu ou un soleil trop fort. Aujourd'hui, la végétation a sa place dans le design et l'aménagement urbain. Les structures arborescentes ne vont cesser de se développer.
Jean-Francois Arnaud France L'envol Ile Rousseau

Escale Numerique Mathieu Lehanneur 

arbre empathique Ergeli
Le bois apporte un aspect apaisant à une structure. Hormis ces fonctions indispensables au développement des villes, les qualités stylistiques de l'arbre ne sont pas à négliger. Le rythme et le graphisme qu'il apporte me semble pertinent pour la création d'un espace de pause et de détente. L'utiliser que partiellement ne ferait que diminuer sa richesse esthétique.


vendredi 28 décembre 2012

"L'homme qui rit" de Jean Pierre Améris


L'homme qui rit raconte l'histoire d'Ursus (Depardieu), un forain, qui recueille dans sa roulotte deux orphelins perdus dans la tempête : Gwynplaine (Grondin), un jeune garçon marqué au visage par une cicatrice formant un sourire, et Déa (Theret), une fillette aveugle. Quelques années plus tard, ils sillonnent ensemble les routes et donnent un spectacle dont Gwynplaine, devenu adulte, est la vedette. Ils y racontent et mettent en scène leur histoire Ce succès ouvre au jeune homme les portes de la renommée et de la richesse. Mais hélas il finit par s'éloigner de sa famille d'adoption. Ce roman d'Hugo, écrit en 1869, a déjà donné lieu à plusieurs adaptations, aussi bien au cinéma, qu'au théâtre. Ici, la scénographie est différente. Le metteur et l'équipe de scénographes ont voulu un décor décalé, et ne pas se figer dans le réalisme du XVIIIème siècle. L'histoire parle de la lutte sordide et injuste des classes de cette époque. Tout au long du film on peut admirer les jeux de lumière; beaucoup de scènes se passent la nuit,le ciel et sombre et inquiétant; les torches et autres éclairages recréer un décor à la fois gothique et poétique. Le spectateur est directement plongé dans la "noirceur" de l'histoire, les personnages et paysages n'en sont que plus inquiétants. Le passage permanent de l'ombre à la lumière créer une atmosphère intrigante et effrayante comme pour souligner la condition des personnages et plus particulièrement Gwynplaine au visage scarifié.Le miroir occupe, lui aussi, une place importante, beaucoup de jeux d’apparence de perception, de reflet et de renvoi de la lumière. La scénographie, les décors et les costumes nous transportent à une époque que l'on soupçonne mais qui n'est pas clairement identifiable (volonté du scénariste). Il est à noté que 90% des décors ont été réalisé et tourné en studio. Si il y avait un bémol ce serait les effets spéciaux concernant le ciel et les paysages extérieurs, ils sont, selon moi, beaucoup trop perceptibles et exagérés, l'effet fantastique perd de sa crédibilité.









Opéra de Dallas


Le nouveau Margot et Bill Winspear Opera House à Dallas, conçu par Foster & Partners , redéfinit le théâtre du XXIème siècle, et brise les barrières pour rendre la structure plus accessible à un public plus large. Malgré le rouge vif apparent et et la structure en acier style industriel le bâtiment s'intègre bien dans l'environnement à côté des buildings.
Le revêtement extérieur de panneaux rouge en verre coulissants fait office de pare soleil (pour répondre au climat chaud de Dallas), et de pare-pluie, protégeant le hall, sur environ 18 mètres de haut. Il a été collé de telle sorte qu'aucune fixation mécanique supplémentaire est nécessaire.  Cela établit une relation directe entre l'intérieur et l'extérieur avec un jeu de transparences et de transitions menant le spectateur au volume rouge rubis. Les tôles rouges cisaillées de 4mm d'épaisseur donnent un aspect plus net qu'un panneau plié. Elles tiennent grâce à des étriers de fixation dissimulés sur les côtés inverses. Ce système peut également être utilisé avec de la pierre ou des dalles de marbre au lieu de feuilles cisaillées. Le haut vent fixé sur la structure de l'édifice occupe une place importante dans l'architecture de cet édifice, en effet le spectateur est directement accueilli par celui-ci et il permet de couper les rayons du soleil très présents à Dallas.
A l'extérieur, sous le haut vent, se trouve une allée piétonne qui crée un nouvel espace public, plus loin, il y a la Place Annette Strauss des artistes, avec son espace de spectacle en plein air pour un public de 5000, puis un espace plus petit en plein air avec une terrasse de café et l'entrée principale de l'opéra avec accès au parking en dessous. 
Sur le plan organisationnel, le Winspear crée une réelle transparence, avec une série d'espaces publics accueillants le hall, qui s'enroulent autour du tambour en verre rouge. A l’intérieur, derrière la façade vitrée, les espaces publics s’enchaînent assurant une transition douce et guidant le visiteur jusqu’au volume de verre rouge vif de l’auditorium.
 Ils ont voulu créer un sentiment d'immédiateté dès que l'on entre dans le carré extérieur jusqu'à l'ouverture du rideau et que l'auditorium soit également ouvert sur l'extérieur: le verre rouge est un symbole de la performance, le cœur ardent de l'ensemble Performing Arts Center. A l'intérieur, derrière l'écran de verre, il y a un espace pour accueillir la population, entourant l'auditorium verre rouge.
Le passage de la grande place, à travers le hall,à partir de l'auditorium, a été conçu pour augmenter l'effet sur les téléspectateurs. Les grands escaliers, allant de gauche à droite autour du tambour, relient tous les espaces du hall d'entrée, offrant l'occasion pour le public de prendre une pause, de parler et d'observer. Ils créent une coupure en profondeur dans la structure du «tambour» permettra au public de se déplacer horizontalement autour de chacun des quatre niveaux de balcons.














mercredi 26 décembre 2012

La villa cheminée



Cette oeuvre, de Tatzu Nishi me fascine toujours, tant par son originalité que par son excentricité. Ce projet fou à vu le jour dans le cadre de l’Estuaire 2009. Comme vous le savez sûrement, cet artiste japonais aime manipuler et détourner de leur fonction, des objets et monuments de l’espace public. En effet, un lampadaire municipal retourné devient le plafonnier d’une cuisine, la fontaine de la Place Royale de Nantes, devient l’élément de décor d’une chambre d’hôtel éphémère. Mais là, il s’agit d’autre chose, quelque chose d’autant plus intrigant. A l’embouchure du port de la commune de Cordemais se trouve la plus grande centrale thermique à flamme de France. « Ce château de fer » datant de 1970 est une structure qu’on ne
peut louper avec ses cheminées bariolées rouges et blanches. Tatzu Nishi n’est pas passé à côté de cette architecture industrielle, puisque son projet de « Villa Cheminée » en est directement inspiré. Il y a, en effet, quelque chose de frappant lorsque l’on se promène aux abords de ce gîte. La villa, comme son nom l’indique, est juchée sur une immense cheminée semblable à celles de la centrale. Pour y être allée, je peux témoigner que c’est impressionnant. Le jeu de perspective voulu par l’artiste est flagrant. Selon où l’on se place, la cheminée vient se coller à celles de la centrale, situées en arrières plan. L’artiste interroge sur la fonction d’un objet ou bâtiment, le détourne pour laisser place à notre imagination. Il va au delà de la notion de beau ou de laid, qui sont subjectifs selon moi, pour amener le spectateur à s’interroger. Pourquoi un objet devrait garder son rôle initial? Est-ce une vraie cheminée détournée? Ou bien une copie ? Je serais incapable de vous dire si je trouve cette oeuvre belle ou laide, mais plutôt intrigante et impressionnante vu d’en bas.
Pour sa première oeuvre pérenne l’artiste a donné un rôle au spectateur, le gîte placé au sommet fait vivre le projet. Ce petit pavillon des années 70’s avec un jardinet comme il y en a dans les environs, fait référence à l’histoire de la centrale et de sa commune. C’est une manière d’adoucir et de casser l’image froide et métallique qui gâche les verts paysages, en faisant une oeuvre comme celle-ci. Le choix de couleurs rouges et blanches n’est pas qu’une simple copie des cheminées existantes. Il faut savoir qu’au japon le rouge est une couleur bénéfique qui porte bonheur. Ce n’est pas la première de ses oeuvres ayant cette couleur, le Merlion Hôtel à Singapour en est immaculé.Du haut des 15 mètres de la « Villa Cheminée » la vue des marais et de la Loire y est magnifique. Elle crée une continuité sur la rive, comme la répétition d’une architecture passée remise au goût du jour. Les bandes de couleurs qui s’enchaînent les unes à côté des autres s’illustrent comme l’alignement des cheminées. L’artiste japonais à su créer un choc visuel où la rêverie et l’imagination des habitants prennent place.